La voie, Clément MICHEL, étudiant à l’ENSGSI 2018

par Monique C. Lacotte le 15 novembre 2018

Selon Edgar Morin « la gigantesque crise planétaire est la crise de l’humanité qui n’arrive pas à accéder à l’humanité ».

Edgar Morin mise son espoir tandis que l’humanité aujourd’hui tend vers une probable catastrophe, et veut croire en l’inattendu, comme cela s’est déjà vu dans l’histoire humaine. L’auteur propose alors la recherche de la Voie, qui pourrait se dessiner comme une accumulation de voies réformatrices et qui nous conduira à la métamorphose dont notre monde a besoin. Il déclare : « Ce qu’on peut espérer, c’est non plus le meilleur des mondes, mais un monde meilleur. »

« Les réformes prises une à une ne peuvent que contribuer à l’échec. Chaque voie ne peut progresser que si progressent les autres de manière interdépendante. La réforme de la politique, de la pensée, de l’économie, du social, de l’éthique et de la vie sont toutes liées entre elles et ne peuvent se faire que conjointement. La nécessité de la prise de conscience de l’état pitoyable des relations entre individus est indissociable de la recherche de la Voie nouvelle de la métamorphose. Tout est pour l’instant trop épart pour les relier et créer un consensus de renouvellement de pensée. »

La Voie passe par une régénération de la pensée politique, une politique qui vise à l’amélioration des relations entre humains. Elle doit se fonder sur la conception de l’homme, de la société et du monde. Elle doit également se baser sur une conception pertinente du monde actuel ainsi que celui à venir. Par le biais de ses anciens ouvrages, l’auteur nous rappelle sa recherche de la réforme politique. La politique devra se tourner vers l’Homme et vers la civilisation et devra se définir désormais à une échelle planétaire. Tout en étant à cette échelle, la politique de civilisation pourra être entreprise à l’échelle d’une nation et du même coup contribuer à développer des pays voire des continents.

Également, la métamorphose passe par les réformes économiques. De la même manière, celle-ci devrait être planétaire et serait vouée au contrôle des spéculations financières. Le développement d’une économie plurielle serait un objectif de cette voie. Un new deal de grands travaux de statut collectif devra être mis en route pour aider à l’économie globale et collaborative.

La voie des réformes sociales repose sur la réponse à l’accroissement des inégalités, sur la réponse à l’accroissement de la misère mondiale, sur la réforme des administrations réhumanisées, sur la régénération des solidarités par l’institution de maisons de la solidarité et la résurrection et actualisation de la notion de bien commun naturel, social et culturel permettant leur démocratisation.

« La pensée réformée passe par une réforme du système de connaissance qui nous aveugle. Les illusions propres à une vision unidimensionnelle vont de pair avec la société de connaissances séparées les unes des autres.  Nous nous croyons détenteurs d’une pensée rationnelle alors que nous ne savons pas distinguer rationalité et rationalisation ni reconnaître les limites de la raison.  Notre intelligence nous aveugle par le fait que nos esprits restent dominés par une façon mutilée et abstraite de connaitre. Seule une pensée complexe peut nous armer pour préparer la métamorphose à la fois sociale, individuelle et anthropologique. »

La voie de la réforme de l’éducation passe par une profonde réforme de celui-ci. Ce système permettrait de favoriser les capacités de l’esprit à penser les problèmes individuels et collectifs dans leur complexité. Les matières suivantes seraient implémentées à tous les niveaux de l’éducation : les problèmes de la connaissance, la nature humaine comme trinité, l’ère planétaire, la compréhension d’autrui et l’affrontement des incertitudes. Seuls des esprits réformés pourraient réformer le système éducatif, mais seul un système éducatif réformé pourrait former des esprits réformés. Paradoxalement, la réforme de la pensée implique la réforme de l’éducation qui implique une réforme de la pensée.

La voie de la réforme de vie. Nos vies sont dégradées et polluées par l’état lamentable et souvent monstrueux des relations entre les humains, individus, peuples, par l’incompréhension généralisée d’autrui, par la prosaïsassion de l’existence consacrée aux tâches obligatoires que ne donnent pas de satisfaction, au détriment de la poésie de l’existence qui s’épanouit dans l’amour, l’amitié, la communion, le jeu. La prise de conscience que « la réforme de vie » est une des aspirations fondamentales dans nos sociétés est un levier qui peut puissamment nous aider à ouvrir la Voie. La réforme de vie est cruciale, en relation de boucle avec réforme de l’alimentation, de la consommation, de l’habitat, des loisirs/vacances.

La voie de la réforme morale. L’aveuglement sur soi-même et sur autrui, phénomène général et quotidien. Il semble donc évident que la morale mérite d’être repensée et qu’une réforme doit l’inscrire dans le vif du sujet humain. Tout, dans notre civilisation, tend à favoriser le logiciel égocentrique. Le logiciel altruiste et solidaire est partout présent, mais inhibé et dormant.

La voie de l’éthique morale. La réforme morale nécessite l’intégration, dans sa propre conscience et sa propre personnalité, d’un principe d’auto-examen permanent, car, sans le savoir, nous nous mentons à nous-mêmes. Aller vers les compréhensions mutuelles, se comprendre est indispensable si l’on veut comprendre l’autre. La réforme morale doit développer deux caractéristiques fondamentales chez tout être humain : l’auto-examen permanent et l’aptitude à la compréhension d’autrui. Elle doit passer par l’éthique civique et l’éthique du genre pour contribuer à la prise de conscience de la communauté.

Les réformes sont interdépendantes et ont des failles qui sont propres à la notion même d’être humain. On ne pourra jamais rationaliser l’expérience de l’être humain. Ce qu’on peut espérer, c’est non plus le meilleur des mondes, mais un monde meilleur. Seul le cheminement des sept réformes régénèrera assez le monde pour faire advenir la Voie vers la métamorphose qui améliorera le monde selon Edgar Morin. Seul le travail collectif et répétitif (comme parfois certains passages du livre martelés pour s’ancrer dans nos esprits) permettra au monde d’entrevoir des jours meilleurs.

Ajouter un commentaire

PS: XHTML est autorisé. Votre adresse mail ne sera jamais publié.

S’abonner aux commentaires par le flux RSS